Si je devais résumer tout ce qui fait sens dans ma vie, ce serait par le mot “Amour”. Parce que c’est lui qu’on cherche, et auquel on aspire profondément. Notre plus grand désir est en effet d’aimer et d’être aimé. De faire cette rencontre avec l’autre.
Historienne de formation, Audrey Fella est essayiste, journaliste et scénariste. Ses recherches portent essentiellement sur les diverses voies et expressions de la spiritualité féminine, et la manière dont celle-ci peut participer à la quête de sens de ses contemporains, femmes et hommes.
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On est trois dans l’amour
On est toujours trois dans l’Amour : soi-même, l’autre et Ce qui est plus grand que nous. Autrement on prend le risque que cet élan amoureux ou amical vers autrui ne soit qu’un jeu de projections entre deux personnes. Cet amour-là ne fonctionne que si l’autre répond à ce désir fondamental. Quand il n’y répond pas – ce qui arrive forcément un jour –, on est déçu, blessé, notre cœur se ferme, et on n’ose plus aimer.
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L’amour c’est l’énergie de la création
L’Amour avec un « A » majuscule ne vient pas de nous, mais d’ailleurs. C’est « l’énergie de la création », comme dit Christiane Singer, l’énergie de la Vie.
Quand cet Amour nous traverse et qu’on se sent aimé, on peut rejoindre l’autre et créer un lien avec lui. Ce lien ne s’établit alors plus à partir de notre mental et de nos projections affectives, mais à travers nos êtres réciproques. À ce moment-là, on est plein et serein. C’est un cadeau qui vient nourrir tous les aspects de nous-même. On n’est plus en attente que l’autre réponde à nos besoins d’être aimé, de guérir, de pacifier notre histoire. On doit donc d’abord nous rencontrer nous-même, pour ensuite rencontrer l’autre. On peut alors parler d’Amour.
L’amour c’est exigeant
Beaucoup de mystiques, femmes et hommes, disent que l’Amour est exigeant.
Ouvrir son cœur ne se fait pas sur commande. C’est difficile quand on vient d’être blessé. Comment faire lorsqu’on a mal ? Bien sûr il ne s’agit pas de se complaire dans notre souffrance, mais de s’accorder le temps d’accueillir notre blessure et de la traverser pour aller vers l’acceptation, et éventuellement le pardon. De se désidentifier de sa souffrance pour aller vers la joie. Ce processus demande de la patience et de la bienveillance.
L’amour c’est gratuit
L’Amour est de l’ordre de la grâce. Quand bien même on aspire à lui, c’est lui qui décide de nous visiter ou pas. Du coup, il n’est pas instrumentalisable. On peut juste s’ouvrir à lui pour le recevoir.
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On ne peut pas savoir ce qu’est l’amour, juste le sentir
En ce moment, on est tous au” travail d’amour”. La vie nous pousse dans nos retranchements, elle nous interroge sur cette ouverture du cœur, qui n’est pas toujours facile.
Nous en parlons souvent avec Frédérique Lemarchand. Ce travail, à reprendre chaque jour, demande beaucoup d’humilité. L’Amour est au-delà de nous, et en nous. Notre ego veut se l’accaparer, alors qu’il doit lâcher les commandes et rester au service de Ce qui est plus grand que lui. Laisser l’être qui respire en nous créer notre vie.
Le grand défi d’aujourd’hui est de rester dans l’Amour même quand l’autre ne le reçoit pas, ou qu’il nous a blessé. Car l’Amour implique d’accueillir sa vérité et de le laisser libre.
Son dernier livre :
Chair Lumière, entretien avec Frédérique Lemarchand
Date de publication : 13 juin 2023
Mama éditions
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