À l’aube de ses 30 ans, Pauline quitte sa vie parisienne stressante et se met à marcher en direction de Saint-Jacques de Compostelle en Espagne. De cette aventure naît un film et un premier livre, dont elle nous livre ici les principaux enseignements.
Je suis partie marcher le 9 août, le jour de la Saint-Amour. Mon intention était de partir au nom de l’amour : l’amour de soi et de la vie.
Durant cette marche de Strasbourg à Saint-Jacques de Compostelle (environ 2000 km), je me suis reconnectée à l’amour, pas après pas.
Crédit photo : Alexandre Sattler
Recevoir
Le chemin de Compostelle, c’est une société recomposée avec ses règles, qui diffèrent de celles de la société hors chemin. Une règle est de donner sans rien attendre, sans s’attacher à ce qu’on aura en retour. J’ai énormément reçu en 4 mois. J’ai été invitée à dormir, on m’a offert des habits, des repas, et aussi une écoute attentive, des massages, des compliments, des sourires, différents services, des trajets en voiture, de l’énergie pour avancer… Sans compter l’aide d’un pèlerin, qui m’a filmée à chaque fois qu’il me croisait (ces images ont permis la naissance de mon documentaire Chemins de Vie).
Lire aussi sur Âmour : comment l’ayahuasca m’a ouvert le cœur ?
Donner
Tout cet amour que j’ai reçu a été comme une lumière qui éclairait les zones en moi réticentes à donner par peur de manquer. Une part de moi était angoissée de (se) donner. Elle se sentait séparée des autres et croyait que le monde était difficile, qu’il fallait se protéger, se sauver car les ressources sont limitées. J’ai beaucoup donné à mon travail dans le secteur bancaire pendant des années, au point de me vider de mon énergie, sans avoir su comment me recharger.
Il faut peut-être avoir reçu pour donner ; être d’abord soi-même plein pour donner aux autres de façon juste, pure, désintéressée. D’où l’importance d’accepter de recevoir pour se remplir et donner ensuite à son tour.
Recevoir et donner sont les deux faces d’une même pièce
Au fil de mes pas, j’ai réalisé à quel point donner me procurait une joie immense, quand j’étais vraiment alignée et que l’intention partait de mon cœur. Certains jours, ma joie était débordante et je donnais ce qui débordait. En l’offrant autour de moi, je la multipliais par 100.
Pour pouvoir donner, on a besoin de quelqu’un pour recevoir.
Dans notre société qui utilise l’argent comme monnaie d’échange, on a tendance à séparer ces deux notions de donner et recevoir. Alors que la personne qui reçoit donne l’occasion à celle qui donne d’exprimer sa générosité, son amour.
L’ingrédient magique du chemin de Compostelle
Je me suis demandée encore et encore : Qu’est-ce qui fait que tant de gens se sentent si bien lors de leur marche sur le Chemin de Compostelle ? Est-ce le mouvement du corps au quotidien ? La nature ? Le soleil ? Les rencontres ? La présence de symboles et lieux spirituels ? Le fait d’avoir du temps pour eux-mêmes ?
Lire aussi sur Âmour : The Chosen, une série sur Jésus qui ouvre le cœur
C’est là que je croise Amélie, une pèlerine que je décide d’interviewer pour mon film Chemins de Vie. Elle me confie qu’elle est partie marcher à la suite d’une dépression. Très rapidement, elle me parle de cet amour qu’elle ressent sur le Chemin. Cet amour qu’elle reçoit des pèlerins qu’elle rencontre, mais aussi des personnes qui tiennent les gîtes. Cet amour qui circule au-delà de son apparence, de son métier, de ce qu’elle peut faire pour l’autre. Cet amour qui lui est donné inconditionnellement. Ses mots résonnent fort en moi.
Chemins de Vie, le film de Pauline Wald, sur le chemin de Compostelle
Je suis persuadée de l’impact de la nature, du soleil et du mouvement du corps sur mon bien-être. Mais je me suis déjà retrouvée au bord d’une plage paradisiaque, déprimée car l’amour ne circulait pas. J’ai aussi longtemps cru que l’amour des autres se méritait. Qu’il était lié aux services que je pouvais leur rendre et au fait que j’allais répondre à leurs attentes et leurs besoins. Sur ce Chemin, j’ai la sensation que le simple fait d’être un être humain suffit pour être aimé. Et qu’au final, peu importe qui donne et qui reçoit.
Le premier livre de Pauline, Marcher vers son essentiel, raconte son expérience du chemin de Compostelle. Un film en est également le témoin Chemin de Vie, à visionner ici. Découvrez aussi le deuxième livre de Pauline, Enseignements de la Montagne.
Le livre de Pauline Wald
éditions Eyrolles
Année de parution : 2022
Marcher vers son essentiel, commander chez l’éditeur
Crédit photo haut de page : Pauline Wald
